Chantal Jouano lance la table ronde sur les risques industriels

Créé par le 27 mai 2009 | Dans : environnement / prevention des risques

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 En 2001, l’usine AZF à Toulouse explose et avec elle des quartiers entiers de Toulouse. Comme c’est souvent le cas en France, les politiques réagissent quelques semaines plus tard mais a posteriori. Une commission parlementaire est organisée à la hâte sous la présidence de François Loos puis une loi sur le risque industriel, dite loi Bachelot est votée en 2002. Celle-ci bien qu’appliquée depuis ne semble pas d’être totalement efficace et on découvre à chaque fois qu’il y a des incidents que la sécurité reste très aléatoire à proximité des sites industriels classés Seveso.

L’ouverture du procès AZF à Toulouse en février avait amené la Secrétaire d’Etat à l’Ecologie à évoquer avec les associations et des spécialistes la possibilité d’organiser une table ronde de la sécurité industrielle. Le 19 mai, Chantal Jouano mettait en place 4 groupes de travail sous la présidence de Jacques Verdier, directeur du Conseil supérieur des installations classées et grand connaisseur des questions environnementales puisqu’il fut notamment le rapporteur de plusieurs lois sur la question alors qu’il était député du Nord.

Ces groupes qui regroupent des spécialistes de la sécurité, des représentants des DRIRE ou DREAL, les associations de défense de l’environnement travailleront, avant le 3 juillet, sur des sujets tels que
la Gouvernance, l’information du public, le contrôle des industries à risque mais aussi les Plans de Préventions des Risques Technologiques, les sols pollués… Cette table ronde doit permettre de compléter les réglementations existantes en matière de sécurité mais aussi de les rendre plus facilement applicables. On sait en effet que les plans de préventions des risques technologiques prévus dans le cadre de la loi Bachelot demeurent des exceptions en France. À ce jour une dizaine de ces plans sont mis en place alors que le pays compte à ce jour plus de 400 sites classés.

Parmi les acteurs de cette table ronde, France Nature Environnement a fait savoir par la voix d’un de ses représentants, Alain Chabrolle que « des consensus se dégagent entre les participants, tant sur le constat que sur les voies d’amélioration : protéger la santé des travailleurs et leur statut de donneurs d’alerte, une nécessité admise tant par les ONG que par les syndicats ; renforcer l’information et la participation du public dans le processus de décision, augmenter les moyens dévolus à la surveillance des sites à risques. »

Un peu de tout, beaucoup de n’importe quoi et … la piste volontaire

Créé par le 22 avr 2009 | Dans : justice / azf

Depuis 7 ans et demi, sans doute parce que la justice a eu du mal à trouver une thèse parfaitement admise, claire et évidente et/ou parce qu’elle a été un peu trop affirmative trop rapidement, de nombreux enquêteurs privés se sont mis en tête de trouver la vérité. Tous ont le point commun d’y avoir mis souvent des moyens importants notamment en temps, dans la plupart des cas, leur bonne foi n’est pas à remettre en cause même si une source proche de l’enquête indique qu’à la découverte de certaines pistes et des arguments les étayant, on pouvait se dire que « tous les fous n’étaient pas enfermés » ! Certains de ces détectives ont d’ailleurs fait des découvertes qui ont amené le juge d’instruction Thierry Perriquet à se poser des questions sans pour autant se laisser convaincre par ces investigations et leurs conclusions, aux experts judiciaires de le démontrer au tribunal. Ce sont donc toutes ces pistes que le tribunal correctionnel, présidé par Thomas Le Monnyer, va étudier et sans doute évincer pendant les deux semaines qui viennent. Le programme de la semaine qui s’est ouverte hier ressemble d’ailleurs à un inventaire à la Prévert : une bombe de la seconde mondiale, une météorite, la foudre, un phénomène électromagnétique, une UVCE, un problème électrique, un accident préliminaire, un acte intentionnel …

On peut penser malgré la présence de nombres de ces enquêteurs privés dans la salle Jean Mermoz que c’est la piste volontaire (attentat ou malveillance) qui amènera le plus de débat. Elle est la plus attendue par le public, notamment parce qu’elle a la préférence de Serge Biechlin, directeur de l’usine AZF et prévenu, elle sera donc la plus débattue. Cette piste a, parait-il, fait l’objet de toutes les investigations possibles de la Police mais avait été écartée à 90%, 3 jours seulement après la catastrophe par le Procureur de la République, Michel Bréard. Il faut se rappeler que le contexte international se prêtait à ce que la piste de l’attentat soit privilégiée par certains. Anne-Marie Casteret (L’Express) et Marc Mennessier (Le Figaro) ont d’ailleurs réalisé un travail d’enquête considérable sur ce point. Marc Mennessier sera d’ailleurs, malgré la demande qu’il avait faite au tribunal de ne pas revenir témoigner et qui avait été acceptée par tous, peut-être entendu à nouveau par le tribunal. C’est Maître Agnès Casero, avocate de l’Association des Victimes d’AZF, qui en a fait la demande estimant « qu’il est responsable de cette piste dans l’opinion de par ses articles et la publication d’un livre sur le sujet ».

 La piste de la malveillance, est elle alimentée par l’ambiance particulièrement délétère qui régnait entre intérimaires et chauffeurs de camion aux abords du hangar 221, la veille et le matin des faits. Des altercations avaient en effet éclatées et des salariés d’AZF et de sous-traitants ont tenu à le faire savoir à la justice, certains d’entre eux compte d’ailleurs faire connaître au tribunal la manière dont leurs témoignages ont été reçus par la Police  ! Ainsi, Rejane Boucly, secrétaire employée par TMG, viendra expliquer comment le Police l’a menacé si elle maintenait ses déclarations. Des chauffeurs et des intérimaires seront également entendus sur ces évènements. Ambiance …

Un procès très technique dans une ambiance de huis clos

Créé par le 18 avr 2009 | Dans : justice / azf

Depuis des semaines certains plaisantaient estimant qu’après une ouverture en fanfare devant une salle Jean Mermoz bondée, celle-ci ne tarderait pas à paraître totalement surdimensionnée. Les plus mauvaises langues estimaient même qu’il arriverait un jour où le tribunal siègerait devant les prévenus, une poignée d’avocats, de rares journalistes et un maigsalle5.jpgre public, les uns et les autres faisant preuve d’une motivation à toute épreuve. C’est désormais chose faite !

La semaine qui vient de s’écouler abordait les études sismiques et acoustiques, celles-ci devaient permettre de définir le nombre d’explosion(s) ainsi qu’éventuellement le point d’initiation de celle(s)-ci lors du drame AZF, 21 septembre 2001. Depuis mardi, experts de l’instruction et contres experts de la défense se sont succédés à la barre, afin de démontrer power point, graphiques et courbes à l’appui à quel point ils ne pouvaient être d’accord entre eux et pourquoi les autres se trompaient certainement dans  leurs études. Bref, un certain ennui gagna peu à peu les commentateurs, les avocats et les spectateurs qui désertèrent discrètement mais sûrement l’enceinte du tribunal correctionnel dès jeudi en milieu d’après-midi. Vendredi, presque 10 heures d’audience (de 9h30 à 20 heures et ce sans que soit tenu compte des problèmes aéronautiques de Me Soulez-Larivière !), dans une ambiance parfois tendue, qui permit d’entrevoir que même la patience du Président Thomas Le Monnyer pouvait avoir des limites, eurent raison des plus assidus.

La salle Jean Mermoz était vraiment devenue trop grande ! Cela ne devrait cependant pas devenir une habitude puisque dès mardi prochain, le public reviendra certainement pour découvrir toutes les pistes plus ou moins fantaisistes qui ont été écartées par l’instruction. On parlera alors d’armes électromagnétiques, d’UVCE (explosion de gaz à l’air libre) mais surtout des pistes intentionnelles avec des auditions qui s’annoncent déjà passionnantes et sans doute houleuses.

Jacques Mignard : « sommes seulement des demandeurs de vérité mais nous serons des demandeurs exigeants »

Créé par le 03 avr 2009 | Dans : justice / azf


Jacques Mignard était le délégué CGT de l’usine AZF à Toulouse où il était chargé, en plus de son mandat, de l’animation sécurité. Les frères Mignard sont, dans les milieux de gauche, et plus si affinité, à Toulouse, des militants de longue date que ce soit au sein du PS ou dans le monde syndical. Depuis la catastropbandeauhaut.jpghe, Jacques est le Président de l’Association AZF Mémoire et Solidarité et a pris quelques distances avec une certaine gauche, trop bien pensante à son goût. Son goût pour la vérité est celui des adhérents de son association, il n’a pas de théorie sur ce qui a pu se passer ce
21 septembre mais peine à croire à la thèse soutenue par l’accusation. Cette semaine, lors du procès, cette association a été au centre d’une polémique, voire même d’une remise en cause de la procédure pénale, puisque le Procureur, Patrice Michel, a dénoncé la position de ces parties civiles qui ne soutiennent pas l’accusation, oubliant sans doute un peu rapidement que parmi les membres de cette association certains ont perdu beaucoup plus que des biens matériels mais des proches ou des amis. Il semblait donc équitable que le Président Mignard puisse répondre aux différentes accusations qui ont été portées.

Votre association est au centre de bien des débats, certains y voient une émanation de la  défense ?

Jacques Mignard : Nous sommes essentiellement des anciens salariés de l’usine Grande Paroisse à Toulouse. Lorsque la catastrophe est arrivée la plupart d’entre nous était sur le site. Notre usine nous la connaissions et même si certains peuvent décrire des inquiétudes, je pense me faire le porte-parole du plus grand nombre en disant que n’allions pas travailler avec la peur au ventre. Le matin du 21 septembre n’a pas été différent des autres, avant 10h17. Nos collègues qui ont travaillé, ce matin-là, à proximité ou dans le hangar 221 n’ont rien remarqué de particulier, aucune odeur, aucun son, rien de particulièrement suspect. Quelques jours après la catastrophe le procureur Bréard vient dire qu’il s’agit d’un accident et nous désigne à la vindicte publique. Nous avons constitué cette association non pas dans le but de défendre qui que ce soit mais pour être acteurs de cette affaire qui nous concerne. Il faut également le dire c’est aussi une manière de ne pas rester seul alors que lors de ce drame nous avons perdu des collègues, des amis et nos emplois. Nous ne sommes pas les agents de Total ou de Grande Paroisse dans cette affaire nous sommes seulement des demandeurs de vérité mais nous serons des demandeurs exigeants. Je tiens aussi à préciser que notre raison d’exister n’est pas seulement le procès AZF, nous continuerons d’exister une fois le procès terminé.

Certains de vos détracteurs disent que vous avez fait une enquête dans la rue, est-ce vrai ?

JM : Le Procureur et certains avocats de parties civiles critiquent aujourd’hui cette démarche mais lorsque nous discutions avec les Toulousains nous avions l’impression que nombreux étaient ceux qui avaient des doutes sur les explications qui semblaient être avancées par
la justice. Nous étions partie civile et nous nous sommes rendu compte assez rapidement que beaucoup de personnes, y compris des collègues n’avaient pas été entendues, alors qu’elles avaient des choses intéressantes à dire. Nous nous sommes alors dits qu’il était important de donner une occasion à tous les Toulousains qui le souhaitaient de venir nous dire ce qu’ils avaient vus et perçu. Cet appel à témoin a donné des résultats inespérés, l’association a été submergée de coups de fil, nous avons écouté toutes ces personnes puis nous avons remis les témoignages les plus intéressants à
la Police. Il n’était pas dans notre idée de gêner l’enquête comme cela a été sous-entendu au procès par certains avocats qui ne recherchent pas la vérité mais veulent des condamnations, nous ne sommes pas dans cette démarche.

Cette semaine vous avez fait citer devant le tribunal correctionnel de nombreux témoins, avant leur audition le Président Le Monnyer a insisté sur la faiblesse du témoignage dans ce qu’il avait d’humain. Qu’avez-vous pensé de cette introduction que certains ont ressentie comme une défiance vis-à-vis des témoins ? Pensez-vous que ces témoignages auront permis de modifier le point de vue du tribunal ? 

JM : Nous avons été désagréablement surpris par le préambule de Thomas Le Monnyer en amont de l’audition des témoins que nous avons demandé à faire citer. Déclarer qu’il « faut savoir que la question du témoignage est abondamment travaillé par les psychologues » c’est déjà un avertissement qui n’est pas neutre. Evoquer dans le même temps une étude intitulée « Témoins sous influence », c’est en rajouter inutilement. En conclure que « cette question des témoignages, qui intéressent tout le monde, c’est difficile pour le tribunal d’en donner une appréciation » c’est déjà anticiper sur une décision qui donne l’impression d’avoir été déjà prise. Ce n’est pas ce que nous attendons de la justice Comment pouvez-vous dire que vous n’êtes pas mandaté par Total alors que le groupe vous a financé ?

JM : C’est une critique qui nous est faite souvent et je m’en suis déjà expliqué au procès. Lorsque l’usine a été fermée après la catastrophe, nous nous sommes organisés en association. Comme le veut la loi lorsqu’il y a une fermeture de site, Grande Paroisse a reversé à l’association des anciens salariés les sommes qui étaient détenues par le comité d’établissement soit environ 200 000 euros. Le reste de nos revenus vient des cotisations de nos presque 700 membres. Mais nous ne roulons pas sur l’or pour autant puisqu’outre les frais que nous avons engagés depuis 7 ans pour le procès, nous organisons aussi pour les adhérents des activités culturelles, amicales comme l’aurait fait notre CE si AZF n’avait pas cessé d’exister.

Un expert belge démonte l’analyse en détonique réalisée à Gramat

Créé par le 01 avr 2009 | Dans : justice / azf

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Depuis trois jours, le tribunal correctionnel de Toulouse parle de détonique. Didier Bergues, ingénieur civil au CEA Gramat, est venu, vendredi, expliquer au tribunal pourquoi il avait par ses expériences pu définir que l’explosion survenue à Toulouse avait eu lieu à l’est du hangar 221 (voir plan) et plus précisément dans le box de ce hangar. La question peut sembler anecdotique, elle ne l’est pas. En effet, pour que la thèse retenue par l’instruction (mélange malencontreux de deux produits non compatibles) puisse continuer d’exister, il est indispensable que le point d’initiation de l’explosion se trouve à l’entrée de ce hangar.

Hier c’était au tour de Michel Lefebvre, professeur de détonique à l’École Royale militaire de Belgique, de venir expliquer pourquoi les expériences de Didier Bergues, qu’il qualifiera de peu rigoureuses et qu’il démontera intégralement, ne sont pas en mesure de prouver grand-chose et certainement pas que la naissance de l’explosion a eu lieu dans ce box. Avec force schémas, films, petits objets en tout genre, il va point par point détruire les arguments de l’expert judiciaire. Le ton montera à plusieurs reprises pendant cet exposé, pourtant très technique.

Étant donné les divergences entre les deux visions, le Président du tribunal correctionnel, Thomas Le Monnyer, a décidé d’entendre, ce jour, l’expert (Didier Bergues) et le témoin (Michel Lefebvre) puis de les confronter. Entre le Lotois discret et le Belge flamboyant, sorte de Professeur Tournesol qui réussirait ses expériences, le débat est ouvert…

Une semaine bruyante …

Créé par le 31 mar 2009 | Dans : justice / azf

Cette semaine, il sera question de détonique, de détonation et de big bang lors du procès AZF, à Toulouse. Après que la semaine dernière ait été consacrée à l’enquête de flagrance et aux premières constatations d’experts et alors que ceux-ci ont eu le plus grand mal à expliquer pourquoi ils avaient privilégié si tôt la thèse de l’accident chimique, harcelés par les questions précises des différentes parties, le tribunal correctionnel finira, mardi 31 mars, d’écouter Didier Bergues (expert en détonique venu du CEA Gramat) puis entendra Monsieur Lefebvre, expert détonicien lui aussi, mandaté par le groupe Grande Paroisse. Le Président Thomas Le Monnyer a laissé sous-entendre vendredi qu’une éventuelle confrontation pourrait être demandée entre les deux sapiteurs.

À partir de demain ce sont les phénomènes précurseurs (effet de flash, rayons lumineux, …) qui seront étudiés ainsi que la très délicate question des bruits, qui oppose les parties presque depuis le début de l’affaire. En effet, ce jour du 21 septembre 2001 plusieurs milliers de personnes ont entendu à Toulouse, deux bruits (explosions ?) qui, quel que soit l’endroit d’où ils sont entendus, sont séparés entre eux de 6 à 8 secondes. Les experts estiment qu’il s’agit du bruit sismique et du bruit aérien (l’un allant plus vite que l’autre aurait été entendu en premier) tandis que la défense soutient qu’il s’agit de deux explosions successives … Cette semaine il s’agira de constater, la semaine suivante les experts chargés de ces aspects de l’affaire expliqueront … À suivre !

Procureur et juge d’instruction entendus, dérives ou conséquences d’Outreau ?

Créé par le 30 mar 2009 | Dans : justice / azf

justice.gif Comme il semble loin le temps où la justice, retirée des yeux du monde pouvait prendre des décisions sans avoir peur d’être elle-même jugée. Comme il paraît révolu le temps où le justiciable n’osait demander de compte ni au Parquet et moins encore aux juges d’instruction. C’est ce qu’ont dû se dire, mardi 24 mars, Michel Bréard et Thierry Perriquet entendus l’un puis l’autre lors du procès AZF à Toulouse. 

C’est Michel Bréard qui le premier doit répondre de ses faits et gestes lors de la première partie de l’enquête. Ce procureur, officiant désomais à Bordeaux, a marqué l’histoire de la justice toulousaine à plus d’un titre et n’est pas vraiment de ceux à qui on demande des comptes. Il a accepté de venir s’expliquer mais tout en faisant bien comprendre qu’étant donné son emploi du temps surchargé cette audition aurait lieu quand il l’entendrait. En tous les cas, pas au jour prévu initialement par le tribunal correctionnel.

A la barre, il explique calmement son travail, ses relations avec les différents services concernés, les difficultés qu’il aura avec la commission d’enquête interne de Grande Paroisse, qu’il accuse d’avoir largement compliqué son travail. Il est un point cependant sur lequel il ne s’explique pas : ses déclarations du 24 septembre, lorsqu’il affirme devant la presse que l’explosion de ce hangar est à 90% accidentelle.

Le Président Thomas Le Monnyer va donc se charger de demander des explications et on apprend ainsi que c’est une journaliste qui a provoqué ce mini-séisme, en se montrant trop insistante sur la piste de l’acte volontaire. La presse a donc bon dos … Thomas Le Monnyer énonce alors tout haut ce que beaucoup de Toulousains pensent tout bas depuis des années, le Procureur s’est-il rendu compte des dommages collatéraux qu’une telle déclaration allait entraîner. Devant le regard de plus en plus courroucé de Patrice Michel, procureur lors de ce procès, Michel Bréard est soumis à la question, … ou presque, devant répondre de ses faits et gestes lorsqu’il dirigeait l’enquête dans les premiers jours après le drame, sur l’ouverture jugée presque trop hâtive d’une procédure, rien ne lui est épargné et se justifier 7 ans après ne semble pas lui convenir. Son face- à-face avec Maître Daniel Soulez-Larivière (avocat de Grande Paroisse) lui permet de contre attaquer, entre les deux hommes, l’antipathie se ressent, le ténor du Parquet contre celui du Barreau s’oppose sur tout et Michel Bréard estime d’ailleurs que les avocats ont été une gêne pour l’enquête. Plus d’une heure et demie à la barre d’un tribunal ça doit être très long, surtout lorsqu’on n’est pas habitué à siéger depuis la barre !

Lorsque Thierry Perriquet arrive, bronzé et visiblement plus détendu que ne l’était le procureur, on se dit qu’il risque lui aussi de passer un moment désagréable. Il n’en sera rien. Certainement parce que ce magistrat, à qui la défense et certaines parties civiles reprochent d’avoir un peu vite renvoyé Grande Paroisse et Serge Biechlin devant le tribunal correctionnel, n’était pas le juge instructeur au début de l’enquête. Sans doute aussi parce que tous ont, pendant l’instruction, trouvé en lui, outre des compétences professionnelles indéniables (Dominique Baudis peut d’ailleurs remercier son opiniâtreté), une qualité d’écoute réelle et une volonté évidente de trouver la vérité. À sa sortie du tribunal, l’actuel conseiller à la Cour d’Appel de Monaco, se demande tout de même pourquoi il est venu et à quoi son audition a pu servir puisque seules quelques questions lui ont été posées alors qu’il s’attendait à devoir se justifier de son travail. Preuve que parfois ces auditions ne sont pas si éclairantes que cela … 

Après que ces deux magistrats ont été entendus, la question est maintenant de savoir si cela ne va pas, dans les prétoires Français, devenir la norme. S’il ne sera désormais pas normal pour ceux qui construisent les dossiers de venir se justifier devant le justiciable ! Certains y voient une dérive à l’américaine, d’autre un juste retour des choses après l’affaire d’Outreau, à moins que ce ne soit une évolution de la société française, qui amène nos compatriotes à vouloir regarder les faits à travers les yeux de
la Justice ! Et dire qu’elle est aveugle …

Frédéric Arrou :  » Il est très rassurant de voir se dégonfler les postures trop assurées de certains « 

Créé par le 27 mar 2009 | Dans : justice / azf

Frédéric Arrou est depuis 7 ans le Président de l’Association des Sinistrés du 21 septembre. Dynamique et déterminé il est la voix des sans voix, de tous ceux qui furent des victimes collatérales de la catastrophe AZF à Toulouse. Trois semaines après l’ouverture d’un procès qui doit durer 4 mois (au moins) il a accepté de répondre à nos questions. 

Le procès est maintenant ouvert depuis 3 semaines, que pensez-vous de ce qui s’est dit ? 

Frédéric Arrou : Ce procès est passionnant et c’est ma première surprise. J’avais peur de m’ennuyer et de ne rien comprendre. Au contraire depuis le début des audiences je découvre et j’apprends. Je découvre par exemple que l’on peut venir mentir à la barre. Cela, c’est produit à trois reprises (au moins), certains témoignages et confrontations m’ont d’ailleurs profondément marqué. 

Lesquels ? Vous semblent-ils en faveur de l’instruction alors que certaines parties civiles dénoncent les conclusions de celle-ci ?  FA : Parmi les moments forts, je citerai le témoignage de Gabriel Ullmann qui est aux antipodes des discours présentant l’usine AZF comme modèle. Le face-à-face entre Gildas Thomas et le Colonel Claude Donin (pompier) fut un moment extraordinaire. J’ai aussi trouvé le témoignage du Commissaire Robert Saby, en opposition complète à celui de Monsieur Berthes (premier président de la Commission d’Enquête Interne de Grande Paroisse) étourdissant. Je trouve qu’il a encore été meilleur lors de son deuxième passage devant le tribunal. Il reste toutefois très difficile pour moi de dire à qui profitent ces témoignages. L’élément constant, c’est la divergence profonde des uns et des autres. Les apologues m’étonnent, j’ai le sentiment très subjectif d’une parole de la défense, convenue à l’avance, avec en point de mire, l’objectif suprême de ne pas mouiller Total. Je suis avant tout et surtout très impressionné par le Président Thomas Le Monnyer. Sa connaissance du dossier, la précision de ses questions, le ton ferme et modéré qui est le sien sont impeccables. C’est  à lui que nous devons la tenue des débats, c’est lui qui donne tout son crédit à ce procès. 

Qu’attendez-vous de ce procès et comment voyez-vous les choses évoluer dans les semaines à venir ?   

FA : Les semaines à venir devront répondre à d’autres questions. J’étais en particulier impatient d’entendre le juge Thierry Perriquet (magistrat instructeur) s’expliquer sur son instruction. Il y a aussi certains témoignages qui n’apportent rien et ne servent à rien d’autre qu’à aller boire un café, ce n’est pas si mal !  Il est très rassurant de voir se dégonfler les postures trop assurées de certains. Le ridicule de ceux qui viennent donner des leçons aux magistrats, aux policiers, aux experts, aux journalistes en se parant eux-mêmes de toutes les vertus tourne à la pantalonnade. C’est un grand plaisir. 

Pourquoi avez-vous demandé à votre avocate de toujours Agnès Casero de ne plus assurer votre défense ? Et que vous apporte votre nouvel avocat ? 

FA : Nous avons décidé de ne plus solliciter Maître Casero parce qu’elle a préféré défendre une position qui n’était pas la nôtre. Elle s’est exclue elle même. Maître Léguevaques nous défend toujours mais c’est Maître Simon Cohen, qui m’a très profondément bouleversé lors de sa plaidoirie est devenu notre avocat.

A Besançon des plantes et des bactéries depollueront une ancienne friche industrielle

Créé par le 16 mar 2009 | Dans : environnement / developpement durable

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Dans le cadre de la restructuration d’une ancienne friche industrielle, située à proximité du centre-ville, et qui accueillera dès 2013 une promenade, une centaine de logements sociaux, un axe de circulation douce le long du Doubs, la SMAC (Salle des musiques actuelles), un site culturel, un Port fluvial etc. la Ville de Besançon lance un système de dépollution unique en France.  

lourds etEn effet, sur le site des Près de Vaux, situé face à la Citadelle de Vauban, des plantes et des bactéries seront utilisées pour dépolluer les sols (métaux  lourds, hydrocarbures), l’air, l’eau (nappe et ruissellements), et débarrasser le site des plantes invasives.

Les travaux doivent débuter en 2010, et utiliseront plusieurs techniques telles que :

 La phytostabilisation ou phytoséquestration qui consiste à utiliser les plantes en prairies (notamment le trèfle), pour réduire la mobilité des polluants des sols par précipitation, adsorption ou absorption par les racines, ou simplement en limitant l’érosion.

La phytoextraction et la phytovolatilisation, destinées à traiter les métaux lourds et les hydrocarbures avec des plantes telles certaines graminées (avoine, orge). 

Sur ce site on trouvera également une tranchée biologique qui atteignant la nappe phréatique et partiellement remplie d’un substrat riche en nutriment, et habitée par un écosystème complexe permettra de traiter de très nombreux polluants organiques et inorganiques et sera munie en aval d’un filtre à tourbe (casier rempli de tourbe remplacée régulièrement) dont la vocation est de séquestrer des particules et de polluants organiques ou inorganiques non traités par les autres techniques.

Souhaitons que cette initiative bisontine soit couronnée de succès et puisse être reproduite sur de nombreux sites en France.

Le procès AZF commencera-t-il cette semaine ?

Créé par le 16 mar 2009 | Dans : justice / azf

Depuis maintenant près d’un mois, le procès destiné à définir les responsabilités dans l’explosion de l’usine AZF, se tient à Toulouse. Entrant dans sa 4e semaine, il a évoqué de nombreux sujets mais pour le moment, en dehors du témoignage des victimes, beaucoup de domaines sont explorés à l’exception tout de même notable des faits. 

On a parlé de l’usine, des produits qu’elle fabriquait, de la sécurité, de la sous-traitance mais de l’explosion point encore ! C’est tout de même fort étonnant et cela commence à prodigieusement agacer les avocats de la défense qui par l’intermédiaire de Maître Daniel Soulez-Larivière se sont étonnés par deux fois la semaine dernière des soins pris par la justice pour éviter d’évoquer le sujet principal, ce pour quoi sont jugés les 4 prévenus, l’explosion du hangar 221. Les parties civiles, elles aussi commencent à s’impatienter et souhaitent que la justice parle enfin de ce qui est le cœur de ce procès. 

On peut espérer que cette semaine le tribunal correctionnel va entrer dans le vif du sujet puisque l’expert Daniel Van Schendel doit être entendu pour la première fois le 19 mars. Il viendra parler au tribunal de sa première note, datée du 28 septembre 2001 (soit une semaine après les faits) dans laquelle il instaure l’idée d’un accident chimique dont les causes restent alors à définir. Les premières batailles sur les causes de
la catastrophe AZF devraient alors débuter. 

Le tribunal entendra également un autre expert, François Barat, ancien responsable du laboratoire de chimie de la CRAM d’Aquitaine, chargé des analyses chimiques du drame. Curiosité juridique, il déposera, le 20 mars, comme témoin ! En effet, le Procureur de la République souhaite savoir ce que « M. Barat a fait, vu, entendu et fait » pendant les jours qui ont suivi la catastrophe, alors qu’il effectuait sur le site de Grande Paroisse, des relevés d’amiante. 

D’autres témoins, très nombreux, seront également entendus, lors de ces audiences, tels l’ancien Préfet de Haute-Garonne, Hubert Fournier, l’ancien directeur du SRPJ de Toulouse, M. Dumas ou l’ancien DRIRE, M. Dorison. On attend également l’éventuelle venue, le 19 mars, de Lionel Jospin, alors que Jacques Chirac et Laurent Fabius ont déjà fait connaître leurs intentions de ne pas se présenter devant le Tribunal. Quelle sera la position de l’ancien Premier Ministre, qui était également au moment des faits, un élu de Haute-Garonne ? 

Rappel :
la catastrophe AZF a fait 31 victimes, des centaines de blessés et de très importantes destructions matérielles, le 21 septembre 2001 à Toulouse. La justice a conclu à une explosion accidentelle par mélange de deux produits incompatibles, ce que réfute les principaux accusés. Depuis le 23 février 2009, Serge Biechlin, le groupe Grande Paroisse, rejoint par jonction des deux dossiers par Total SA et Thierry Desmarest (si toutefois la citation directe est recevable) sont jugés par le tribunal correctionnel de Toulouse, présidé par Thomas Le Monnyer.
 

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